Swimrunman VERTICAL des grands Lacs de Laffrey
Comme vous le savez depuis La transmaurienne j’enchaîne les chutes à vtt, parce que je veux progresser et découvrir de plus en plus de choses à travers cette activité qui me plaît temps mais cela a un coût, mon corps est meurtri par les éraflure, les brûlures et les bleus. Ce ne sont que des petits Bobos, mais des bobos qui s’accumulent et qui font mal.
La veille de la course je me demande si je vais réellement prendre le départ avec de telles plaies sur le corps, mais je ne peux pas renoncer surtout que cette course c’est notre course, celle de notre couple, celle que l’on attend depuis des mois.
Dimanche matin les plaies semblent de plus en plus sèches, je décide alors de prendre le départ à ses côtés et je n’ai jamais regretter ce choix.
On arrive tous les deux sur la ligne de départ, un ami est venu pour nous encourager ça fait chaud au cœur, il nous reste 30 minutes avant le départ, on s’hydrate, s’équipe on fait en sorte de ne rien oublier parce que sur un SwimRun c’est comme sur un Triathlon, il faut penser à tout. Quelques gels Gu dans le dos, une gourde souple remplie d’électrolytes, Le pull boy, les plaquettes, les baskets, les chaussettes, la Combi, le bonnet, les lunettes et le Smile… Ok, je crois que tout y est !
Un dernier débriefing, et nous voilà parti pour cette course mythique. On prend un départ pas trop rapide, on sait qu’on aura le temps de se mettre dans le rouge sur toutes les courses donc on part en mode gestion, on fait une première natation Courte pas trop fraîche on est bien on ressort on a le sourire et on se dit : « franchement elle est bonne l’eau trop bien », on sort pour le deuxième Run et là tout de suite on se dit que c’est sûrement les portions dans lesquelles il va falloir envoyer un petit peu si on ne veut pas finir dernier sachant qu’ils sont tous trop fort en natation 😂.
On rattrape alors quelques personnes sur ce run, je pense à bien m’hydrater et j’imagine déjà chaque ravitaillement et ce que je devrais faire pour ne pas subir ce swimrun. Ce run de 7km passe nickel je sens que Jonathan a envie d’envoyer encore plus fort, à certains moments il me pousse dans le dos gentiment sans me forcer, j’accepte effectivement son aide et ça passe tout seul.
On replonge dans l’eau pour une petite natation de 600m tout se passe relativement bien aussi, j’ai bien pris le pli avec la corde, j’arrive à bien la maintenir entre mes bras sans la toucher et je suis bien dans les pieds de Jonathan c’est parfait !
On sort de l’eau et Jo me dit : « tu n’as pas mal aux épaules toi? J’ai les miennes en feu sérieux… » là je comprends alors le mauvais choix stratégique que l’on a fait. Je m’explique, nous nous sommes très peu entraînés en natation, (pour ma part parce que j’ai mal à mon bras depuis l’accident et que j’éprouve beaucoup moins de plaisir à nager en bassin avec une douleur constante dans le coude), donc Jonathan aurait dû faire comme moi et choisir des plaquettes un tout petit peu plus petites pour éviter la surchauffe au niveau des épaules. Plus les plaquettes sont grosses plus c’est difficile musculairement, alors des médium aurait été le bon choix pour lui, c’est notre avis avec le recul.
On passe alors sur le run 3 avec même pas 200m de courses et on replonge pour une petite nat de 400m qui passe super. L’eau est super bonne on ne ressent pas le froid c’est le top.
En sortant de l’eau on aperçoit notre petite ROMY et là je revis, une énergie incroyable commence à monter en moi je suis tellement heureuse d’avoir pu la voir merci les copains de nous avoir permis ça, c’est inoubliable.
On repart alors sur le run 4, une petite portion puisqu’il fera 1,5 km ou le premier RAVITO fait son entrée, je prends 2 morceaux de banane, je remplie ma gourde d’eau avec le reste d’électrolytes qu’elle contient et je bois un grand verre d’eau supplémentaire !
On replonge tout de suite, je sens que l’eau est plus fraîche, peut-être à cause du run pas assez long pour se réchauffer 🤗, je me concentre de nouveaux et je me mets dans les pieds, tout se passe bien on réalise alors 350m de nage que l’on enchaine avec 3,5km de run, je prends alors mon premier gel après 1h40 de course.
Sur les parties de run on sent que l’on rattrape un peu de monde, Jo est un moteur sur la course on ne s’arrête pas, si ça monte alors il se mets derrière moi et il me pousse, si ça descend il m’indique chaque racine, chaque cailloux bancal, bref il est parfait 👍🏻, je ressens pas mal de douleurs dans les mollets, les chevilles, un peu les cuisses bref un peu partout, j’ai presque hâte d’arriver dans l’eau…
On plonge alors pour 1200 m de 🏊♀️ ou je me dis : « dès qu’il n’y a plus le soleil qui nous tape dessus c’est froid quand même l’eau 😨 », je pense aux copains sur l’ironman vichy qui n’ont pas eu la chance de faire la natation, je me dis que je leur laisserais bien les derniers 3,8km 😜, je pense à Axel qui a subit une injustice sur les championnats d’Europe, bref je cogite j’ai le temps 🤔. On ressort on a froid on se regarde et on espère tous les deux que le Run qui va suivre sera long pour pouvoir se réchauffer. Manque de chance on fait à peine 300 m et c’est reparti on replonge mais on voit déjà l’oriflamme à environ 300m alors on se rassure comme ça ! Cette 6e nage nous glace déjà un peu 😰, on sort de l’eau et on voit notre rayon de soleil qui nous cours après, elle rigole ça fait du bien. Je comprends d’un coup que l’on est dans le grand lac à présent qui est certainement plus frais que le petit dans lequel on nageait au début…
Un petit RAVITO nous attend, on remplit la gourde, je prends également 2 bouts de bananes et on repart. Ça monte direct du coup on est contents on peut se réchauffer. De nouveau on reprend quelques places, on fait le yoyo avec des filles qui nous rattrapent à chaque fois en nat, de vraies fusées 🚀. Sur la course on encourage chacun de nos concurrents c’est important pour nous, on est tous dans la même galère alors autant nos encourager mutuellement non? Quelques douleurs dans les jambes réapparaissent et tout ce que je me dis généralement dans ma tête quand je fais une course en solo je le dis à voix haute. Avec le recul je me dis que ça aurait peut-être pu énerver Jonathan d’entendre que j’avais mal ici et là lui qui ne se plaint jamais il était servi avec moi.
Après 4,5 km on retrouve de nouveau les copains sur la plage et notre petite ROMY on repart pour une petite nat, l’avant-dernière 400m elle passe super, un seul duo nous passe devant et ensuite on sait qu’il reste un tout petit run de 800m avant de repartir pour la dernière nat… on se motive mutuellement, jo l’appréhende un peu, je lui dit que la natation ça passe toujours même doucement mais ça passe, il n’a pas l’air mega d’accord 😏. On demande à la kayakiste notre itinéraire avant de partir « tout droit sur 2000m à la bouée rouge tout au bout du lac à gauche vers le port sur 500m » ok 👌🏻 lol 😂 un enfer quoi.
On part et les 1500 premiers mètres se passent bien, je pose ma nage et je réfléchis à plein de choses, je me dis que la deuxième course va commencer juste après cette natation, j’espère que tous les couples ne vont pas nous doubler durant cette dernière. J’ai mis les LAPS sur ma montre tous les 500m ça m’aide à savoir où nous en sommes et j’apprécie chaque vibration, je fais un décompte dans ma tête. On arrive au niveau d’une plage de nudistes certaines personnes sont debout et nous applaudissent ça me fait rire dans la tête et je me demande ce que Jonathan a pu penser en les voyant sur le côté. Oh un avion… un coucou en fait… génial (un rien m’occuper l’esprit) ^^.
On continue et petit à petit la fraîcheur s’installe, on avait déjà un peu froid en rentrant dans l’eau mais alors là c’est bon la fraîcheur est bien installée je sens que je commence à cramper des adducteurs, je replace alors correctement mon pull boy à ce moment-là c’est pire je sent une crampe au niveau des ischio et des adducteurs je prends quand même le temps de le remettre et je me dis relâche toi, je me relâche mais les crampes sont aussi dues à la fraîcheur du lac… je m’allonge, je respire, j’essaye de faire correctement mes mouvements, j’ai mal aux épaules ça c’est sur, mais je ne lâche rien, je reste dans les pieds. Petit à petit je sens Jonathan qui s’agace, on avance beaucoup moins vite il relève la tête et je vois tout de suite que quelque chose ne va pas, il a froid, il est frigorifié, il tremble, je sais que le froid est très dur pour lui. Je décide alors de nager à côté puis devant, ça le gène clairement il me demande de repasser derrière dans le sens où le travail avec la corde n’est pas du tout le même, il a du mal à tendre ses doigts (je saurais tout ça en sortant de l’eau évidemment puisque pendant on s’est très peu parlé). On voit plusieurs duos nous passer, on le savait mais ça fait quand même mal au moral.
Arrivés à cette fameuse bouée on se dit que c’est le dernier créneau j’ai l’impression que Jo est un peu désorienté (sûrement l’effet du froid) on arrive à la bouée avec un autre couple et un autre kayakiste nous indique bien l’oriflamme de droite et pas celle de gauche, on sait enfin laquelle viser. Ces derniers 500m seront très long dans la tête et pas que.
On sort de l’eau direct on se regarde, on a froid on arrive au RAVITO et là c’est de la soupe qu’on choisi de prendre, on a juste besoin de se réchauffer. On trembles comme des feuilles, Jonathan prends 2/3 bols de soupe avant de pouvoir repartir (apparemment beaucoup de duos étaient dans le même état en sortant de l’eau).Je le sollicite « cheri, il faut repartir sinon je vais vraiment avoir du mal à redémarrer ». Romy encore la nous donne des sourires et ça, ça réchauffe nos coeurs.
On redémarre alors en douceur, enfin ça c’est ce que je croyais mais c’était sans compter sur Jonathan qui est une fois réchauffé à mit le Boost. Il place sa main dans mon bas du dos et c’est parti, on dirait qu’il a une mission nous faire arriver là-haut le plus vite possible.
Il y a environ 4 km à parcourir avant d’arriver en bas du kilomètre vertical, on réalise une véritable Remontada sur cette première partie en doublant environ 6 duos.
Arrivés au pied du kilomètre vertical c’est là que commence vraiment le défi de ce Swimrunman. Objectif : Arriver en haut sans perdre un tendon d’Achille ou un fessier.
Jusqu’à LaForet qui est le premier tiers de cette montée Jonathan m’aide énormément petites mains dans le bas du dos bien placé pour m’aider à gravir ces premiers mètres d’ascension, c’est un véritable moteur, chaque duo doublé nous renforce. Puis arrive le moment ou je lui demande de ne plus me pousser j’ai mal en bas du dos
On arrive en haut de la forêt et là on visualise vraiment ce qu’il nous reste à faire 📈, la pente est si raide c’est ouf 53,6% apparemment. Ça va être Beaucoup plus dur de doubler du monde maintenant… à moins que chaque duo de devant fasse une pause ça semblait compliqué.
Mais moi aussi j’aurai sûrement besoin de pause. Jonathan n’aime pas quand je prends des pauses, il dit que ça ne sert à rien, il dit monte à un rythme régulier et ça ira on va arriver en haut.
Il m’encourage à la juste dose, juste ce qu’il faut, il me motive, m’envoi sans cesse des pensées positives. Parfois je m’octroie 5 secondes de pause en regardant la vue.
Puis arrive les douleurs, j’ai mal en bas du dos, j’ai mal aux mollets, j’ai mal à la cheville, j’ai mal dans la tête, c’est dur mais 5 secondes c’est le simple répit donc j’ai besoin à chaque palier, tous les 100/200m d’Ascension je m’offre ce plaisir, qui pour lui ne semble certainement pas essentiel mais pour moi sont vitaux.
On double encore quelques duos, mais c’est dur, À un moment donné je m’arrête net et je lui dis que ça ne va pas du tout il me propose un gel, on a plus d’eau malgré la gourde remplie au RAVITO d’en bas, et je ne me vois pas prendre un gel alors que je n’ai plus à boire derrière. Je me connais, ça va me donner soif et ça va me manquer sur les derniers 200m qu’il reste à gravir.
Je lui demande de nous arrêter un peu, j’ai envie de m’asseoir, j’ai envie de tout arrêter (mais je ne le dis pas), je sens vraiment que je suis à la limite du malaise (ça par contre je lui dis c’est important). Il me regarde et j’apprendrais après la course qu’à ce moment-là j’étais très blanche, il prend alors la décision de ne plus rien dire et de me laisser faire à mon rythme. On se fait alors doubler par un duo mixte qui montaient comme des fusées.
Je décide d’ouvrir ma combi neoprene, et je sort le haut de ma combi, je respire enfin… je redémarre et j’ai un coup de mieux, juste comme ça 🤪, le corps est parfois fabuleux.
Sur les 10 derniers mètres d’ascension ce sera alors main dans la main lui devant, moi derrière en me tirant juste ce qu’il faut que nous passerons cette ligne incroyable après 5h57 d’effort
A ce moment là, je l’aime si fort si vous saviez, ok c’est moi cet effort, mais c’est aussi grâce à lui et c’est surtout un NOUS unis ❤️.
Une expérience inoubliable à faire une fois dans sa vie avec un binôme qui en vaut la peine et qui n’a pas peur d’avoir mal 🤪.
Merci Swimrunman pour l’invitation et peut-être à l’année prochaine pour une nouvelle découverte de parcours.